Sans recherche, pas de révolution verte en Afrique

17 septembre 2013

AFP

Le manque de crédits à la recherche agronomique en Afrique constitue l'une des entraves à l'avènement d'une «évolution verte » qui permettrait au continent de sortir 250 millions d'Africains de l'insécurité alimentaire, selon une étude panafricaine.

Dans un rapport détaillé sur « l'Etat de l'agriculture en Afrique », l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), dont le conseil d'administration est présidé par l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, originaire du Ghana, relève que le continent ne compte « qu'à peine 70 chercheurs par million d'habitants, la capacité la plus faible à l'échelle mondiale ».

Les auteurs invitent notamment à comparer ce chiffre aux 2.640 experts en agronomie par million d'habitants aux Etats-Unis ou aux 4.380 chercheurs par million de Japonais - bien que le Japon compte & agrave; peine 20 % d'agriculteurs contre 70 % en Afrique, précisent-ils.

Si les 16 pays étudiés pour le rapport (Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Kenya, Liberia, Malawi, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Zambie) ont augmenté leur production de céréales (sauf le Nigeria), les rendements sont toujours très inférieurs à la moyenne mondiale, d'une moitié à deux-tiers selon les situations.

Ces rendements ont cependant fait de réels progrès passant en moyenne en Afrique de 1,1 à 1,5 t/hectare en 2000 à 3,2 t/ha en 2010 - contre des rendements moyens en France autour de 7,4 t/ha.

Guère étonnant puisque les sols subissent une baisse de fertilité due à l'érosion, à la sécher esse, à la salinisation et que les paysans manquent d'accès à l'eau, aux nouvelles technologies qui supposent un minimum de moyens (engrais, engins, irrigation) notent les rapporteurs.

« Le potentiel en Afrique subsaharienne est considérable avec la possibilité de doubler voire tripler les rendements, mais à condition de recourir aux semences adaptées, aux engrais appropriés.. » : « Or la tonne d'engrais qui coute 226 dollars aux Etats-Unis en vaut 414 en Zambie », constate l'un des principaux auteurs de l'étude, David Ameyow, joint à Nairobi par l'AFP.

« Pour augmenter les rendements, il faut commencer par fournir aux agriculteurs de nouvelles semences, des hybrides de variétés locales, développées localement. Pas des semences sous licence impo rtées de grands groupes », insiste-t-il, « ni des OGM qui coûtent trop cher ».

Investir dans l'agriculture

« Les contraintes qui pèsent sur les petits agriculteurs sont trop lourdes pour parvenir à augmenter leur revenu et réduire l'insécurité alimentaire », poursuit David Ameyow, qui rappelle que « 72 à 80 % » des Africains dépendent de l'agriculture. « Si vous voulez réduire la pauvreté en Afrique il faut investir dans l'agriculture, puisque c'est le secteur qui emploie le plus ».

Or huit pays seulement ont atteint les « objectifs de Maputo », adoptés avec l'Union africaine en 2003 dans la capitale du Mozambique, qui commandaient de consacrer 10 % du PIB au développement de l'Agriculture. Il s'agit du Burkin a, du Niger, du Malawi, de l'Ethiopie, du Mali, du Ghana, du Tchad et du Mozambique.

L'Agra estimait que les 54 pays du continent pouvaient atteindre l'objectif de Maputo et qu'une quarantaine y parviendraient. « Si les gouvernements accroissaient cette part du PIB, la plupart des pays du continent seraient en mesure » de nourrir leur population, affirme le Dr Ameyow.

Mais « la révolution verte que nous visons ne se réalisera pas de notre vivant sans un sursaut majeur du financement de la production agricole et de l'industrie », conclut le rapport. Or 10 % seulement des petits agriculteurs bénéficient du soutien financier nécessaire pour développer leur production et sa commercialisation, souligne-t-il.


Catégorie: Infrastructures générales

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