Le Mozambique cherche à gérer sa manne gazière

30 septembre 2013

Les Echos.fr

Doté d'immenses réserves naturelles, le pays cherche à éviter la malédiction de la rente. 
Un pays africain, parmi les plus pauvres du monde, peut-il se transformer en quelques années en une puissance régionale prospère, sous l'effet d'un méga-boom énergétique?

La question est sur toutes les lèvres au Mozambique depuis qu'au début des années 2010, son sous-sol a révélé de colossales réserves de charbon et de gaz: entre 25 et 30 milliards de tonnes de charbon, dont une part importante de bonne qualité, ont été découverts par le groupe brésilien Vale, dans la province de Tete, représentant 10 % des réserves mondiales ; tandis que les géants pétroliers Anadarko et ENI identifiaient un potentiel de 3.700 milliards de m3 de gaz off shore dans le bassin de Rovuma, au nord-est du pays.

Ces immenses ressources pourraient propulser le Mozambique à l'horizon 2020 parmi les tout premiers produc teurs d'énergie du continent africain et l'arracher au sous-développement.

Déjà, les investisseurs du monde entier convergent vers ce vaste pays d'Afrique australe : à Maputo comme à Tete et au nord, à Pemba, les grues se sont mises en action, les chantiers se multiplient et les prix de l'immobilier explosent.

« Si le potentiel est énorme, les risques le sont aussi », souligne un diplomate en poste à Maputo. Il y a d'abord ces goulets d'étranglement pour le transport du charbon vers la côte puis son exportation : chemins de fer surchargés et ports saturés. Le manque d'infrastructures est criant dans le pays, surtout du sud vers le nord.

Le montant des investissements à réaliser est vertigineux, notamment le terminal de liquéfaction de gaz, indispensable à la distribution du gaz off shore - en principe à partir de 2018-2020 - ou encore le nouveau barrage de Mphanda Nkuwa sur le Zambèze qui produira 1.300 mégawatts d'électricité.

A cela, il faut ajouter un niveau d'éducation et de formation insuffisant qui limite l'embauche des jeunes par les entreprises étrangères même si le gouvernement les y encourage fortement. La corruption, enfin, freine l'activité et accroît les inégalités.

Besoin d'investissements
Le risque est élevé que l'exploitation de ces ressources naturelles se fassent au profit quasi exclusif de quelques grandes multinationales voire d'une élite dirigeante et ne profite pas aux Mozambicains.
Avec un budget financé à 40 % par l'aide internati onale, le Mozambique n'a pas les moyens d'investir massivement dans l'exploitation de ses richesses naturelles. Sa marge de négociation est faible surtout quand ces groupes financent, aussi, les infrastructures.

Mais averti de l'expérience d'autres pays africains, Angola, Nigeria ou Ghana, le président Guebuza assure défendre les intérêts financiers de l'Etat et fait participer ses entreprises publiques aux projets aussi souvent que possible.

« Nous ne sommes pas le Qatar », souligne-t-il dans un sourire : il sait que son pays de 25 millions d'habitants dont plus de la moitié vit encore au-dessous du seuil de pauvreté et où seulement un tiers a accès à l'électricité n'est pas économiquement prêt à profiter des retombées de cette manne.
C'est pourquoi il compte, durant sa visite à Paris demain, insister sur les besoins d'investissements massifs de son pays. «  Le défi pour le Mozambique est d'éviter la "malédiction de la rente".

Il doit constituer une économie diversifiée, dans l'agriculture et les industries de main-d'oeuvre, capable d'offrir du travail à la population », souligne André Almeida Santos, économiste à la Banque africaine de développement.

« Même si la manne gazière est au rendez-vous et que le budget du pays est multiplié par trois, le Mozambique restera longtemps un pays aux forts besoins d'aide extérieure et d'investissements. » Le Mozambique un nouvel eldorado? Réponse en 2050 .

Article original par Catherine Chatignoux


Catégorie: Energie

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