Infrastructures : ces grands projets dans l’impasse, faute de financements

7 septembre 2022

Le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, a lancé depuis mars 2020 un appel public international à manifestation d’intérêt pour la sélection d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises en vue d’accompagner l’Etat dans le financement, la construction et la maintenance de l’autoroute Yaoundé-Douala, phase II, sur un itinéraire de 136 kilomètres. Les conditions a priori alléchantes de ce marché si l’on s’en tient aux analyses de la Banque mondiale qui, en 2018, entraînent l’état de ce que la construction d’un seul kilomètre de cette autoroute coûte plus du double d’une infrastructure de même niveau dans les pays du même niveau de développement que le Cameroun (6,5 milliards Fcfa contre seulement 3 milliards Fcfa en Côte d’Ivoire), semblent loin de faire courir les investisseurs puisqu’à date, le gouvernement n’a pas trouvé de partenaire. La première phase du projet, longue de 60 kilomètres, a englouti jusqu’à 338,7 milliards Fcfa Toutes taxes comprises et la réalisation des travaux avait été financée par un prêt chinois.

Pour la phase II dont le début des travaux est bloqué faute de financements, il faudra mobiliser plus du double de ce montant d’ici à l’année prochaine, soit environ le double de la totalité de l’enveloppe budgétisée pour l’ensemble des grands projets du gouvernement en 2021. En effet, pour le budget 2023 en préparation, le président de la République, Paul Biya, prescrit dans sa circulaire du 23 août dernier que, de manière spécifique, le gouvernement met un accent particulier sur la finalisation et la mise en service des grands projets de première génération restants, et poursuive de la préparation des grands projets de deuxième génération. Au rang de ces projets inscrits dans les Documents de stratégies pour la croissance et l’emploi (Dsce) dont la réalisation entre 2010 et 2020 a échoué, il y a également le barrage hydroélectrique de Bini à Warack dans la région de l’Adamaoua. Cet aménagement d’une capacité projetée de 75 MW et qui, à terme, a vocation à renforcer et stabiliser le réseau interconnecté Nord (Rin) connaît un arrêt des travaux depuis novembre 2019, à la suite de la décision du partenaire financier chinois ICBC de suspendre le financement de ce projet.

Conditions préalables

Or, d’après le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, « le gouvernement a d’ores-et-déjà honoré ses conditions préalables, notamment le paiement des 23 milliards Fcfa au titre des conditions de mise en vigueur du prêt ». Selon les chiffres officiels, le vaste programme infrastructurel mis sur pied pour la décennie 2010-2020 n’avait été réalisé qu’à 47% à fin 2020. S’il va de soi que ce chiffre a évolué à la hausse si l’on prend en compte que certains chantiers évoluent sur le terrain, beaucoup au même titre que ceux susvisés sont dans l’impasse pour la même raison : l’absence de financements. Ainsi, par exemple, de l’autoroute Edéa-Kribi, dont le premier tronçon entre Kribi et Lolabé jusqu’au port en eaux profondes est achevée. Ou même encore la deuxième phase des travaux du port de Kribi.

Ceux dont on peut espérer la finalisation et la mise en service à brève échéance c’est peut-être l’usine de pied du barrage réservoir de Lom-Pangar dont les travaux avancent de manière satisfaisante, le Projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs (PAEPYS) qui connaît un grand retard dans son exécution ; et le Projet de remise à niveau des réseaux de transport d’électricité et de réforme du secteur.

Source: ecomatin


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